HISTOIRE

  

Mouans & Sartoux du XIe au XIVe siècles : des origines à l’abandon

Des traces d'implantation romaine ont été trouvées sur l'emplacement du premier site de Mouans, sur une colline dominant la plaine des Canebiers.

Au XIe siècle la première mention de Mouans apparaît sous la forme de «viculus Morsanis», c'est à dire la villa de Morsianis . Il s'agit en fait de l'indication du domaine agricole romain qui a existé plusieurs siècles auparavant au même endroit.

La première mention du «viculus» figure, dans le cartulaire de Lérins, dans un texte de donation datant de 1050. Ce n'est qu'un siècle plus tard, en 1144, que Mouans réapparaît dans les textes. Cette fois il est question du «castrum» et non plus du «viculus».

La différence de dénomination correspond à un changement d'état de Mouans. En effet, le «viculus» correspond à un village non fortifié, alors que le «castrum» indique la présence d'un château et d'un village regroupé autour de lui.

En 1166, Raimond Bérenger III, comte de Provence donne le «castrum» de Mouans à l'évêque d'Antibes. En 1242, avant le transfert de l'évéché d'Antibes à Grasse, le partage des biens de l'évéché entre l'évêque et le chapitre donne à ce dernier le «castrum» de Mouans.

En 1324, le Chapitre de Grasse donne en arrière fief le «castrum» de Mouans à Raimbaud de Grasse. A la mort de celui-ci, c'est son fils Bertrand qui héritera de Mouans. En 1351, Mouans est touché par la peste, perd ses habitants et est déclaré inhabité.

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Le site de Sartoux, aujourd’hui le Castellaras, a été occupé dans la préhistoire et les temps gallo-romains. Une inscription sur pierre tombale y a d’ailleurs été retrouvée en 1930. Une voie romaine reliant Antibes à la Provence passait au nord du territoire de Sartoux.

Après une période de désertification, à la fin de l’époque romaine, Sartoux connait au début du Moyen-Age une occupation avec essartage (d’où peut-être l’origine du nom ?).

L’oppidum de Sartoux apparaît alors dans les textes du cartulaire de Lérins pour la première fois en 1030, à l’occasion d’une donation faite à l’Abbaye de Lérins. Sartoux appartient alors à Goceran fils de Rodoard.

De part sa position, l’oppidum de Sartoux semble être au XIe siècle un des plus importants lieux fortifiés de la zone côtière dépendant de l’évéché d’Antibes. Ses chevaliers sont cités dans de nombreux documents.

L’église de Sartoux apparaît pour la première fois vers 1155. Vingt ans plus tard, en 1178, le comte de Provence confirme à l’évêque d’Antibes ses possessions et surtout le castrum de Sartoux. L’évêque devient donc le seigneur d’une partie du territoire de Sartoux.

En 1199, Olivier, évêque d’Antibes, donne à l’Ordre de Chalais une portion de terre du terrtoire de Sartoux au bord de la Brague. Les moines chalaisiens vont alors édifier une abbaye qui donnera naissance en 1519 à Valbonne.

Le siège de l’évéché d’Antibes est tranféré à Grasse en 1244. Durant un siècle les terres de Sartoux, à l’exception de celles données à Chalais, sont partagées entre plusieurs coseigneurs dont les chevaliers de Sartoux et des bourgeois de Grasse...
En 1351 le territoire de Sartoux subit la peste, et une enquête de 1365 nous indique que toutes les maisons sont en ruines.


  

Mouans & Sartoux de 1496 à 1858 :
de la renaissance à l’union



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Plan du village dans le cadastre de 1813


Un nouveau départ : le repeuplement de Mouans - 1496

En 1472, Isnard, fils de Bertrand, alors évêque de Grasse demande au chapitre de donner Mouans à son frère Pierre, seigneur de Bormes.

Une première intention de repeuplement semble s’ébaucher en 1473, mais la crainte d’une nouvelle épidémie de peste fait avorter le projet.

En 1496, Pierre de Grasse-Bormes décide enfin de repeupler le territoire de Mouans. Il fait venir pour cela 60 familles de figons venus de la région de Gênes. Un nouveau village est créé : le village actuel. Il est construit autour du prieuré rural de Saint André.

Pierre de Grasse devient également coseigneur de Sartoux en achetant les terres des Agout en 1480. Il concède donc aux nouveaux habitants toutes ses terres de Mouans mais aussi les terres de sa seigneurie de Sartoux. Le nouveau village est construit au centre de sa seigneurie.

Le 22 novembre 1496, il signe avec les nouveaux habitants un acte d’habitation qui scelle les rapports entre le seigneur et les familles. Cet acte est remis en question en 1500, puis en 1504. Le 3 octobre 1504, Jean de Grasse, fils de Pierre, signe un nouvel accord avec les délégués de la Communauté de Mouans.

Mouans et Sartoux et les Guerres de Religions - 1592

Roland de Grasse devient seigneur de Mouans en 1559, succédant à son frère Renaud. Il est un fervent adepte de la religion réformée ce qui lui vaut d’être emprisonné à Grasse en 1562.

En 1566 il signe avec la Communauté un nouveau compromis pour régler les différends entre lui et les habitants.

Pompée de Grasse-Bormes succède à son père, Roland, en 1573. Il est impliqué dans les luttes que se livrent alors les partis qui mettent à feu et à sang la Provence. Il est assassiné dans son château de Bormes en 1589.

Sa veuve, Suzanne de Villeneuve, se retire dans le château de Mouans. Elle s’y trouve lorsque, en 1592, le duc de Savoie assiège le château. Elle soutient le siège durant trois jours et ne se rend au duc qu’après la promesse que le château sera épargné.

Le château de Mouans est cependant démoli en avril 1592. Suzanne de Villeneuve se plaint alors au duc de Savoie de son manque de parole, le suit jusqu’à Antibes où elle obtient réparation. Cependant les territoires de Mouans et de Sartoux sont dévastés durant la campagne de 1592, les récoltes détruites.

Quelques années auparavant la chapelle Saint-Bernardin voit le jour. Elle est mentionnée dans les archives en 1584. Elle abrite la confrérie des Penitents Blancs.

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Carte du territoire de Mouans et Sartoux au XVIè siècle
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Carte du territoire de Mouans-Sartoux en 1858



Mouans et Sartoux sous l’Ancien Régime

Durant les XVIIe et XVIIIe siècles de nouvelles épreuves vont secouer les deux communautés.
Tout d’abord les épidémies de peste de 1630, 1649, 1664 et 1720, puis la guerre de Succession d’Espagne en 1635, la guerre de la Ligue d’Augsbourg de 1692 à 1707, et enfin la guerre de Succession d’Autriche de 1744 à 1748. Lors de chaque conflit les communautés voient leur économie régulièrement ruinée : fourniture d’hommes, de paille, d’animaux, de nourriture, pillages des récoltes, hébergement des troupes de passage...

Bien que, constituant sur le plan administratif deux communautés d’habitants distinctes Mouans et Sartoux connaissent, jusqu’au milieu du XIXe siècle, une histoire parallèle, étroitement imbriquée.

Vivant de l’agriculture, ces deux communautés se complètent : céréales, vigne et oliviers représentent les principales ressources agricoles mais il faut compter aussi sur les forêts et les produits qui en sont tirés, ainsi que sur les grandes étendues d’herbages louées aux bergers...

Le château de Mouans et tout le fief reste à la famille de Grasse jusqu’en 1750, puis passe aux Villeneuve jusqu’à la Révolution.

En 1796 le château est en partie démoli par des ”patriotes” venus de Grasse. Il est rasé à la hauteur de la corniche, deux tours sont détruites. C’est en 1824 que Durand de Sartoux, alors propriétaire du château, reconstruit ce dernier en respectant les plans d’origine.


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Le château de Mouans construit entre 1496 et 1504 (photo prise vers 1890)


Mouans et Sartoux, la réunion de 1858

L’histoire des territoires de Mouans et de Sartoux porte en elle la genèse de la réunion qui a lieu en 1858.

En effet si l’on considère que le seigneur de Mouans posséde également la plus grande partie des terres de Sartoux, que le village de 1496 a été construit au centre de ces deux territoires, que les terres de Sartoux n’ont plus jamais, après 1350, connu d’habitat concentré, mais seulement des bastides, tout ceci peut laisser présager l’acte final.

Commencée en 1854,  la réunion des deux communes est effective avec le décrêt du 23 mars 1858.


   

Mouans-Sartoux (1858 - 1930) :
vers la modernité


La fin du XIXe siècle va apporter des modifications, signes avant-coureurs de la modernisation. Tout d’abord la construction de la mairie en 1859, puis l’agrandissement de l’église en 1861, l’arrivée du train et le bureau de poste en 1868, le bureau télégraphique en 1878, l’éclairage des rues au gaz en 1883, la construction d’un groupe scolaire en 1887.



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1859 construction de la mairie et de la première école de garçons -

1868 ouverture de la poste - 1878 arrivée du télégraphe. Le tout dans le bâtiment de la mairie


La ligne de chemin de fer Cannes-Grasse est également le théâtre, en 1911, des premiers essais d’électrification d’une voie ferrée en France.


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1915 - Le dépot pour les réparations du tramway



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1915 - La ligne de tramway Cannes-Grasse

Parallèlement à cela, l’activité économique se modifie. L’agriculture traditionnelle (vigne, oliviers, céréales) est remplacée peu à peu par la culture des plantes à parfum en liaison avec les parfumeries grassoises. Mouans, premier producteur de jasmin, produit également la rose et la tubéreuse. La population se modifie aussi. Les industries grassoises attirent une main d’oeuvre importante. Les Mouansois, désirant changer de statut, abandonnent l’agriculture et se tournent vers la ville et ses usines toutes proches. Le manque de main d’oeuvre agricole fait venir d’Italie une nouvelle vague d’immigrés. La population passe de 895 habitants en 1836 à plus de 1300 en 1930.


Nous remercions Michel Gourdon pour la réalisation de cette page.

En complément : Musée Reflet d'un monde rural dans le parc du château

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